Trump veut prendre le contrôle de Gaza !
Le concert des applaudissements occidentaux et l’exercice d’auto-satisfaction du président américain ne doivent pas nous duper : le plan Trump pour Gaza est une mascarade cynique et sinistre vouée à la poursuite du génocide des Palestiniens.
Et pour cause : le plan ne contient ni réelle obligation pour Israël, ni garantie pour les Palestiniens.
Vers une occupation à perpétuité de Gaza ?
Il ne prévoit pas d’échéance concrète pour le départ de l’armée israélienne, qui contrôle actuellement 82% du territoire de l’enclave. Il se contente de la promesse d’un retrait “par étapes”, au terme duquel l’armée israélienne garderait a minima le contrôle sur un “périmètre de sécurité” (dont la surface est inconnue) ainsi que sur toutes les frontières de la bande de Gaza. Par son flou, le plan ouvre donc la porte à une occupation perpétuelle de la bande de Gaza par Israël, qui pourra arguer indéfiniment que les conditions de son retrait total ne sont pas réunies. Si le plan indique que “la guerre s’achèvera immédiatement” en cas de respect des conditions de l’accord par le Hamas, quelle confiance accorder en la matière à Benjamin Netanyahou, qui a brisé en mars dernier un cessez-le-feu puis organisé un blocus total de l’enclave de Gaza ?
Un pouvoir politique arraché au peuple palestinien
La soumission du peuple Palestinien serait non seulement militaire, mais politique. Les Palestiniens n'ont eu à aucun moment voix au chapitre. Peut-on sérieusement envisager que l'avenir d'un Etat se décide sans son peuple ? La mise en place d’un “comité technocratique et apolitique” sous la tutelle néocoloniale d’un “Comité de la paix” dirigé par le duo Trump-Blair, est un crachat de plus à la figure des Palestiniens, totalement exclus du futur gouvernement de leur propre territoire. Alors qu’une “Force internationale de stabilisation”, pilotée par les Etats-Unis, prendrait le contrôle de la bande de Gaza, l’ONU, seule institution légitime, serait quant à elle reléguée à la distribution des colis alimentaires.
Le but (à peine) caché : finir le génocide et… faire du profit
Trump et Netanyahou savent pertinemment que ce plan, en l'état, est inacceptable pour le peuple palestinien comme pour le Hamas. Dans une allocution aussi lunaire que terrifiante, où Trump donne du “Bibi” pour désigner son homologue israelien et le remercie pour son “bon travail”, le président américain donne déjà son blanc-seing à Netanyahou qui se dit prêt à “finir le travail” si le Hamas n’accepte pas ce plan. Par “finir le travail”, entendez continuer le génocide en massacrant un à un les Palestiniens. Ce matin encore, 25 Palestiniens ont été assassinés par Israël, venant s’ajouter à la funeste liste des 65 000 morts et 170 000 blessés en près de deux ans. 500 000 Gazaouis souffrent de famine et, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), 92 % des logements ont été détruits ou endommagés. Les Gazaouis manquent de tout : eau, médicaments, et produits de première nécessité. La situation est intenable et criminelle, apocalyptique. Qu’à cela ne tienne : pour Trump, Netanyahou fait “du bon travail”.
Le plan assure qu’ “Israël n’occupera ni n’annexera Gaza” et que “Personne ne sera forcé à quitter Gaza, et ceux qui souhaitent partir seront libres de le faire et de revenir” et que “Gaza sera reconstruite au bénéfice de ses habitants”. La question de la Cisjordanie et de la colonisation n’est même pas abordée.
Là encore, quel crédit accorder à un Donald Trump, qui déclarait le 4 février, assis aux côtés de Netanyahou, que les 1,8 millions de Palestiniens devraient être déplacés et quitter leur foyer et envisageait une Riviera du Moyen-Orient en lieu et place de la bande de Gaza ?
Trump envisage un plan de “ développement économique pour reconstruire et dynamiser Gaza” et assure que “de nombreuses propositions d’investissement réfléchies et idées de projets immobiliers excitants ont été élaborées par des groupes internationaux bien intentionnés”. Les capitalistes, émoustillés à l’idée de remplacer Gaza par une station balnéaire, se frottent les mains. A commencer par le propre gendre de Donald Trump, Jared Kushner, lui-même promoteur immobilier. L’histoire retiendra que le chef de la première puissance du monde, ayant le pouvoir d’arrêter un génocide, a vu dans les les décombres encore fumants de la Palestine une source de juteux profits. Il impose au passage aux Palestiniens un modèle économique ultralibéral.
Une confiance aveugle en l’armée israélienne
Le texte indique que “l’armée israélienne se retirera sur la base de normes, d’étapes, et d’échéances liées à la démilitarisation qui seront convenues entre l’armée israélienne, la Force internationale de stabilisation, et les Etats-Unis”. Un processus dans lequel l’armée israélienne est érigée au rang de partenaire et co-décisionnaire alors qu’elle sème la terreur et le chaos depuis 2 ans.
Mais déjà, cette promesse de la démilitarisation prend l’eau, Netanyahu affirmant que l'armée israélienne "restera dans la majeure partie de Gaza". Il rejette aussi catégoriquement la création d’un Etat Palestinien. Trump lui-même fustige les pays européens qui ont récemment “idiotement reconnu l’Etat palestinien”, alors que cette éventualité est pourtant mentionnée au point 19 de son propre plan. Dès lors, quel crédit accorder à la parole et à l’action du président des Etats-Unis dans la mise en œuvre effective de ce plan de paix ?
Les bourreaux du peuple palestinien doivent être traduits en justice
Enfin, aucune suite judiciaire n’est prévue pour les crimes du gouvernement et de l’armée israélienne. Les orchestrateurs et auteurs du génocide doivent être traduits en justice et condamnés, comme cela a été le cas à chaque fois depuis 1945. Sans justice, il sera impossible de pardonner les crimes perpétrés.
La France et l’Europe doivent être à la hauteur de l’Histoire
Dans ce marasme et face à l’abject d’un soutien sans faille du Président des Etats-Unis à un chef d’Etat génocidaire, où est l’Union européenne ? Où est la France ?
L’UE, qui a vu son rôle diplomatique sur Gaza réduit à néant, se contente d’adouber le plan de Trump à défaut d’avoir l’audace de proposer une réelle porte de sortie, négociée avec les deux parties. La France se targue d’avoir inspiré le plan Trump et se dit “prête à travailler à la mise en œuvre du plan américain”, sans prendre de mesures permettant de faire pression sur le gouvernement israelien. Une honte absolue.
Le génocide doit cesser. Les armes doivent se taire. Les otages israéliens doivent rentrer. Les prisonniers palestiniens doivent être libérés.
La complicité européenne et française a trop duré. Il faut immédiatement mettre en place des sanctions économiques, financières, politiques et diplomatiques contre Israël et toutes les personnes responsables du génocide.
Voilà, ce qui constituerait les véritables bases d’un plan de paix.
Liberté pour la Palestine et les Palestiniens !