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S’organiser pour tenir durablement face à la pandémie

Billet d'humeur 31 octobre 2020

Confinement 2, jour 2. Et bis repetita. Les autorisations de sortie. Les réunions en ligne. Les apéros avec les copains par ordi interposé. Les longues soirées à la maison. Faire les 100 pas dans des appartements souvent trop exigus. Et les galères. Les soignants à bout. Les premiers de corvée au front. La pauvreté et précarité qui s’accumulent pour un trop grand nombre de personnes. La confusion sur qui doit travailler ou non. Des aides qui n’arrivent pas. Ou trop tard. Ou insuffisantes.

Comme une drôle d’impression de déjà vu. Ou presque. Parce que cette fois-ci, s’ajoute à la crise sanitaire l’horreur et l’effroi d’une série d’attentats terroristes, entamée par l’assassinat ignoble de Samuel Paty et poursuivie par l’attaque abjecte de croyants catholiques à Nice. Et la violence sociale de la récession qui frappe, plongeant dans la misère les précaires, les jeunes, les intérimaires, les chômeurs, les sans-papiers, les intermittents, les mal logés, les sans-abris. 


Putain, quelle drôle d’époque quand même !


Ce contexte est lourd. Terriblement pesant. Et la parole politique doit avoir un rôle d’apaisement face à cette atmosphère irrespirable. Penser les plaies, renforcer la cohésion, garantir le soutien aux plus fragiles, garder comme cap absolu la protection de la vie humaine. Car la confirmation du reconfinement, inéluctable face une situation dont le gouvernement avait perdu le contrôle, porte encore un nouveau coup très dur au moral collectif. Avec des questions qui pourraient paraître mineures au vu des évènements mais sont en réalité centrales dans nos vies. 


Pendant combien de temps ne pourra-t-on embrasser notre famille ? Pourra-t-on célébrer avec nos proches les anniversaires et les fêtes de fin d’année ? Quand pourra-t-on retrouver le goût de l’insouciance, renouer avec la culture, profiter des moments de fêtes populaires ? Si un jour on nous avait dit que ces questions resteraient sans réponse… Mais face à l’incertitude, nous devons continuer à débattre, réfléchir, chercher, imaginer, proposer des alternatives, en faisant le pari de l’intelligence populaire et de la force de mobilisation collective pour maintenir l'espoir de jours meilleurs. 


Il y aurait tellement à dire sur l’incompétence de ce Président monarque qui se vantait d’être prêt et s’est retrouvé submergé en quelques semaines. De ce gouvernement qui a menti sur les masques et échoué sur sa politique de tests. De cette majorité qui, comme les précédentes, a voté des coupes budgétaires supplémentaires pour des hôpitaux déjà exsangues. Le temps viendra de faire les comptes et d’établir les responsabilités face à ce désastre car leur faillite est totale. Mais notre responsabilité aujourd’hui est de rester dans l’action avec trois priorités : des moyens pour l’hôpital, des mesures sociales d’urgence et un cadre de démocratie sanitaire. Bref, ne pas répéter les erreurs de la 1ère vague. Et cette fois-ci, ils ne peuvent plus dire qu’ils ne savaient pas.


Tout pour l’hôpital d’abord. Encore une fois, la pénurie de matériel guette l’hôpital public. Un manque de gants. Des appels bénévoles à la confection de masques. Et nos soignants sont toujours là. Épuisés. Dépassés. Sans perspective d’améliorations durables des conditions de travail, sans hausses de salaires et moyens supplémentaires, l’hôpital, déjà attaqué par des années d’austérité, s’écroulera. Pour tenir dans la durée, il faut investir dès maintenant dans la santé publique. Tenir dans la durée, c’est aussi accepter de faire ce que nous proposons depuis le début : rendre les masques gratuits, planifier la réponse sanitaire, relocaliser la production de médicaments et d’équipements, réquisitionner ou nationaliser les secteurs stratégiques.


Bouclier social d’urgence ensuite. Confiner une population et lui imposer des restrictions de libertés sans précédent, n’est acceptable que si l’Etat protège l’ensemble des citoyens et garantit à chacun la dignité de son existence. Nous avons vu les ravages terribles du premier confinement sur les plus fragiles. Les mesures sociales d’urgence sont connues : aide alimentaire, logement des sans-abri, hausse des minimas sociaux, ouverture du RSA aux jeunes, desserrement des règles d’éligibilité aux allocations chômage, indemnisation à 100% du chômage partiel, suspension de tous les plans sociaux. Rien qui n’ait été mentionné ou annoncé par le gouvernement. Qui préfère laisser ouvrir la FNAC, encourager à commander sur Amazon et fermer les librairies indépendantes. 


Démocratie de crise, enfin. Les vantardises, les mensonges, les contradictions et les décisions prises seules par un Monarque isolé dans son bunker bétonné de l’Elysée ont profondément affaibli la confiance des citoyens. On a le droit de savoir : les stocks de matériel sont-ils suffisants ? Quelles sont les conditions du déconfinement ? Quels sont les scénarios ? Consulter, anticiper, prévoir : voilà ce qui devrait être le maître mot du gouvernement. Associer les citoyens, élus, scientifiques, sociologues, syndicats, ONG pour travailler sur une gestion durable de crise et adopter des décisions collectives pour susciter l’adhésion de la population à la politique menée. L’état d’urgence permanent n’est ni acceptable démocratiquement ni efficace d’un point de vue sanitaire car les règles ne seront pas éternellement respectées si l’Etat est disqualifié dans l’esprit des français. Et la rupture de confiance n’est pas loin d’être consommée tant l’exaspération monte face à l’incurie de dirigeants qui ont failli. La démocratie n’est pas un bonus : c’est une condition de réussite collective.


Ne nous mentons pas : la COVID est une saloperie et aucun pays au monde n’a été épargné. Mais la manière dont notre société traversera collectivement cette épreuve et les cicatrices que laissera ce satané virus sur notre cohésion ne sont pas encore écrites.  Contrairement à ce que laisse entendre Macron, elles dépendent des choix politiques d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Ne nous résignons pas : nous pouvons encore nous organiser pour tenir durablement face à la pandémie.

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