ENTRETIEN - L’eurodéputée LFI espère «des convergences programmatiques et stratégiques» entre les différents partis de gauche vue des européennes de 2024.
LE FIGARO.- La Nupes doit-elle rester unie pour les élections européennes de 2024?
Manon AUBRY. - Oui, je le crois! Avec la Nupes, nous avons déjà un programme avec un chapitre commun sur les questions européennes, validé par tout le monde. Cela doit être notre base de départ pour discuter. Puis, la Nupes existe déjà de fait au Parlement européen! Non seulement nous travaillons ensemble avec les parlementaires de gauche, mais nous votons ensemble la même chose dans la plupart des cas. Nous voulons tous une PAC qui soit plus écolo, une taxe sur les transactions financières, nous nous opposons aux accords de libre-échange… Il faut aussi rappeler que ces européennes sont la seule élection nationale avant la présidentielle de 2027. Une liste de la Nupes pourrait arriver en tête et gagner face au RN et à Renaissance. Cela donnerait un signal très fort en redonnant un espoir d’alternative pour l’avenir!
Les différents partis de gauche français n’ont pourtant pas la même vision de l’Union européenne, notamment sur la philosophie de désobéir aux traités… Est-ce conciliable?
Le programme commun de la Nupes aux législatives part du concret en se demandant comment lever les blocages européens qui empêcheraient son application. Par exemple, doit-on renoncer à des cantines qui s’approvisionnent localement au nom du droit de la concurrence? Bien sûr que non! La désobéissance n’est pas une fin en soi, mais un des outils à notre disposition. On a réussi à se mettre d’accord sur le plus dur: la méthode à adopter vis-à-vis de l’UE si nous exercions le pouvoir en France. C’est bien plus sensible que notre position sur tel ou tel texte au Parlement européen, où nos votes convergent déjà le plus souvent depuis le début du mandat.
Que répondez-vous aux socialistes, qui attendent une clarification de LFI sur les enjeux de défense? Vous plaidez une sortie de l’Otan, eux non…
L’Union européenne n’est pas adhérente de l’Otan en tant qu’entité, donc la question ne se posera pas au Parlement européen… Par contre, nous pouvons réfléchir à une alternative de coopération européenne qui ne soit plus arrimée à l’Otan et soit davantage un cadre de coordination entre États européens. Sortons des postures et débattons-en! Nous avons réussi à nous mettre d’accord en treize jours et treize nuits pour un programme complet aux législatives. Ne pensez-vous pas que nous pouvons y arriver en plus d’un an pour les quelques points au niveau européen qui restent à discuter?
Je n’ai aucun doute que si nous trouvons des convergences programmatiques et stratégiques, nous y arriverons. Comme aux législatives
Manon Aubry
Quel calendrier proposez-vous pour aboutir à un accord?
Il faut d’abord confirmer qu’une volonté politique existe. Ensuite, je pense qu’il faudra constituer un groupe de travail avec des parlementaires européens. Avancer sur le programme, les mots d’ordre, les idées. Commencer à discuter en début d’année prochaine me semble une bonne chose. Il faudrait être en ordre de bataille à l’horizon de la sortie de l’été pour avoir ensuite le temps de mener campagne.
La France Insoumise est-elle prête à faire des concessions sur l’éventuelle future liste commune?
Chaque chose en son temps. Je pense qu’il faudra bien sûr prendre en compte les équilibres des précédentes élections, y compris des européennes de 2019. Cela fait partie des choses qui seront à discuter, mais je n’ai aucun doute que si nous trouvons des convergences programmatiques et stratégiques, nous y arriverons. Comme aux législatives.
Quels risques pour les forces de gauche qui ne vous suivraient pas?
Nous n’en sommes pas encore là, mais je pense qu’il y aurait un coût politique très fort. La NUPES correspond aux attentes d’une très grande partie des électeurs de gauche qui ne comprendraient pas que nous retournions chacun de notre côté. Imaginez le symbole politique si une liste commune NUPES l’emportait face au RN et à Renaissance.
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