Rencontre avec les salariés de l'entreprise Photowatt
« Nous avons le savoir-faire mais pas d’avenir » ou comment la France et l’UE abandonnent l’industrie française du photovoltaïque.
Savez-vous combien d’usines produisent des panneaux solaires dans leur intégralité en France ?
La réponse vous surprendra sûrement : il n’en existe plus qu’une qui fait la production complète !
Et
peut-être plus pour longtemps…
Je suis allée à la rencontre des salariés de Photowatt, à Bourgoin-Jallieu. Une usine pionnière du photovoltaïque aujourd’hui abandonnée par EDF et par l’Etat. Il y a peu, Photowatt était le fleuron économique de la région, mais son activité a été mise en concurrence avec l’industrie photovoltaïque chinoise.
Résultat : il y a 10 ans, 30% des panneaux solaires vendus en Europe étaient produits dans l’UE. Ce n’est plus que 3% aujourd’hui.
L’entreprise a ensuite été rachetée par EDF, mais pas sans quelques paradoxes : quand EDF a besoin de panneaux solaires, ils continuent de s’approvisionner… en panneaux chinois ! Donc l’UE augmente (à juste titre !) ses objectifs en matière d’énergie renouvelable (que Macron ne respecte pas !) pour lutter contre le réchauffement climatique… mais fait venir de l’autre bout du monde des panneaux solaires construits de surcroît en utilisant… du charbon et le travail forcé des Ouïghours !
Une aberration totale.
Le seul investissement de ces dernières années à Photowatt ? Le démantèlement des outils de production. Barbara, responsable syndicale, nous le raconte de manière désespérée « vous vous rendez compte, les salariés sont en train de détruire leur propre outil de travail ». C’est un traumatisme profond pour des travailleuses et des travailleurs qui trouvent du sens dans ce qu’ils font.
800 en 2011, les salariés de Photowatt ne sont plus que 200 aujourd’hui. Barbara, nous le résume en ces mots : « Nous avons le savoir-faire mais nous n’avons pas d’avenir ».
Un avenir sacrifié sur l’autel du marché.
Voilà pourquoi je continuerai à me battre sans relâche contre les règles européennes de la concurrence libre et non faussée : l’Europe ne doit pas être le seul idiot utile du village monde à ne pas protéger son marché et soutenir son industrie.