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Macron au Parlement européen : face à leur Europe libérale, notre stratégie pour appliquer notre programme “quoi qu’il en coûte"

Billet d'humeur 21 janvier 2022

Cette semaine, on n'a jamais connu une telle agitation au Parlement européen (au passage les journalistes sont les bienvenus le reste de l’année pour suivre les combats que l’on mène ;-)). La raison ? Emmanuel Macron était dans notre hémicycle à Strasbourg pour un grand discours sur le futur de l’Europe, à l’occasion de la présidence française du Conseil de l’Union européenne.

Le président-candidat en profite pour faire deux discours d’une demi heure, et ni une, ni deux, les macronistes dégainent très rapidement leurs éléments de langage : “oh scandale, les oppositions s’opposent”. Et bien oui, croyaient-ils qu’on allait boire ses paroles et s’incliner ? Oui, je suis fière d’avoir dit à Emmanuel Macron ses quatre vérités, que nous sommes des millions à vouloir lui dire : il est le président du mépris et des riches, et il ne fera guère mieux à l’échelle européenne.

Mais du haut de sa tour dorée, Emmanuel Macron n’a pas l’habitude de la contradiction. C’est vrai que le monarque républicain n’a aucune occasion de se confronter aux élus d’opposition, contrairement à la plupart des autres États européens où le dialogue politique est régulier entre l'exécutif et les parlementaires. Une preuve de plus s’il en fallait, de la nécessité d’en finir avec la Vème République et son règne d’un seul homme, qui n’a jamais à rendre de compte à la nation.

Par ailleurs, qui est responsable d’importer la campagne française sur la scène européenne ? C’est bien Emmanuel Macron qui a délibérément choisi de maintenir la présidence française de l’Union européenne en pleine campagne électorale. Alors qu’elle aurait pu être décalée (comme cela s’est déjà fait en Allemagne en 2006 par exemple), Macron a fait le choix de s’en servir comme marche-pied électoral. L’occasion était sûrement trop belle et faire campagne aux frais de l’État ne lui suffisait pas : il peut désormais le faire également aux frais de la princesse Europe.

Mais puisque Emmanuel Macron veut parler d’Europe, ça tombe bien nous avons publié cette semaine notre stratégie sur les questions européennes. Un document détaillé et précis (que vous pouvez lire ici ➡️ https://melenchon2022.fr/plans/europe/ ), fruit d’un an de travail et nourri de notre expérience au Parlement européen. Plutôt que de se laisser enfermer dans le débat pro vs anti-européens, notre enjeu principal est comment appliquer notre programme l’Avenir en Commun dans son intégralité. Nous partons donc de l’analyse lucide et concrète des blocages et incompatibilités posées entre nos propositions et les règles européennes.

Vous voulez renationaliser le fret ? Des cantines bios et locales ? Un pôle public de l’énergie ? C’est contraire au droit de la concurrence ! 

Des sanctions à l’encontre des paradis fiscaux européens ? Impossible dans le cadre du marché unique et avec l’unanimité des États membres en matière fiscale. L’égalité des travailleurs ? Impossible avec la directive travailleurs détachés ! 

Le protectionnisme social & écologique ? L’interdiction des pesticides ? Impossible avec les traités de libre-échange ! 

Investir à la hauteur des besoins en matière écologique, de santé, d’éducation ? Incompatible avec les sacro-saintes règles budgétaires ! 

Il ne faut pas mentir aux français. Ceux qui proposent ces mesures sans mettre sur la table une stratégie pour dépasser les blocages européens trahiront. Et nous sommes les seuls à proposer une méthode claire. Nous commencerons par proposer à tous nos partenaires de négocier de nouveaux textes, compatibles avec les urgences sociales et écologiques et les attentes populaires qui s’expriment partout en Europe. Mais nous ne sommes pas naïfs : le chemin est long pour convaincre les peuples et nos partenaires de cette nécessité. C’est pourquoi nous montrerons la voie. Sans attendre les nouveaux traités, la France engagera la confrontation et la désobéissance à toutes les règles européennes qui s’opposent à l’application du programme l’Avenir en commun. Ce programme aura été choisi par le peuple français, souverainement et démocratiquement. C’est donc au nom du respect de la souveraineté populaire que nous engagerons un rapport de force avec les institutions européennes. Notre stratégie sera alors guidée par deux principes : appliquer notre programme quoi qu’il arrive et poser un principe de non régression sociale et écologique: aucune norme européenne ne s’appliquera si elle est moins ambitieuse qu’une norme nationale sur le plan social et écologique.

Pour lever les blocages posés par les règles européennes, notre stratégie repose sur deux piliers. D’une part, nous engagerons les rapports de force nécessaires sur la scène européenne :

➡️ Nous opposerons par exemple notre véto sur tout nouvel accord de libre-échange. 

➡️ Nous conditionnerons le versement de notre contribution au budget européen à la levée des blocages. Pas de contribution si en retour il faut faire des réformes structurelles comme la réforme des retraites, de l’assurance chômage, couper dans l’hôpital. 

D’autre part, nous dérogerons aux règles bloquantes : nous annonçons que nous ne respecterons plus les dispositions qui nous empêchent d’appliquer notre programme, à commencer par les règles d’austérité et de la concurrence. Pour certains programmes, le droit européen prévoit même la possibilité d’en sortir : les “opt-out”. Nous le ferons sur l’Europe de la défense par exemple.

Nous croyons en la force de l’exemple. La désobéissance ou la résistance d’un État a souvent permis le mieux disant pour tous. Ce fut le cas avec le prix unique du livre en France, ou la sortie de l’eau potable du droit de la concurrence en Allemagne. Il y a peine quelques semaines, l’Espagne décidait de bloquer les prix et d'abaisser la TVA sur les prix de l’énergie, assumant de déroger aux règles européennes. Résultat : elles ont évolué pour tous les États. Voilà comment un État peut en entraîner d’autres. Et la France, pays fondateur de l’Union européenne et 2ème économie, en a certainement les moyens.

L’Union européenne a toujours été une construction à géométrie variable. Les règles budgétaires qui imposent les fameux 3% de déficit maximum ont été violées 171 fois en 20 ans, pour combien de sanctions ? Zéro. Macron lui-même désobéit à de nombreuses règles européennes : normes de pollution de l’air, de protection des données etc. Cette fois-ci, nous le ferons pour des mesures de progrès social et écologique. Et puis, qui va obliger un État comme la France à payer la moindre amende et aller à l’encontre de sa souveraineté populaire ? Qui va nous expulser pour non-respect des dogmes européens quand ils contreviennent à des mesures qui ont reçu le soutien ? De tels mécanismes n’existent pas.

Alors c’est sûr, ça va leur faire tout drôle à la Commission européenne de passer de Macron à Mélenchon. Mais croyez-moi qu’avec nous, la présidence française de l’Union européenne se passera complètement différemment. Plus jamais la volonté populaire ne sera écrasée comme elle l’a été en 2005. Nous sommes les seuls à proposer une stratégie sérieuse et crédible pour contourner les obstacles que constituent les règles européennes actuelles pour la mise en œuvre d’un programme ambitieux en matière écologique et sociale. Avec nous, il n’y aura pas de trahison : nous appliquerons donc l’intégralité de notre programme et pour ce faire nous emploierons tous les outils à notre disposition pour que les traités et le droit européen n’y fassent pas obstacle. Nous faisons le pari de la détermination et de la mobilisation collective du peuple pour faire advenir un autre avenir en France et en Europe. Car, comme le disait Saint-Just, le bonheur est une idée neuve en Europe !



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