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Macron veut la peau de nos retraites et Bruxelles ne pouvait pas rêver mieux !

Billet d'humeur 18 janvier 2023

On en parle très peu mais Emmanuel Macron n’est pas le seul à vouloir détruire nos retraites et nous faire travailler plus longtemps. Derrière lui, il y a l’Union européenne avec qui il fait équipe et qui a recommandé pas moins de 8 fois à la France de faire des économies sur le régime de retraites ces dernières années. En tant que députée européenne, mon rôle est de faire des ponts entre l’actualité politique et sociale au niveau français et ce qu’il se passe au niveau de l’UE… Et la question des retraites est sûrement un exemple symptomatique de comment la Commission européenne et Macron joignent leurs forces pour saccager notre système de protection sociale. Voilà aussi pourquoi notre combat à Bruxelles contre leur modèle néo-libéral revêt toute son importance.

Vous vous souvenez quand Macron avait reporté l’envoi de son plan budgétaire (aka le “programme de stabilité”) à Bruxelles après les élections ?

Dans ce programme, le ton est donné d’emblée : la France s’engage clairement à la réforme pour faire des économies.


“La maîtrise des dépenses publiques repose principalement sur des réformes structurelles, la réforme des retraites notamment comme le Président de la République s’y est engagé au cours de la campagne électorale.


Je vous traduis leur langage technocratique. Faire des économies sur nos retraites.  

Vous noterez au passage que contrairement aux nouveaux éléments de langage du gouvernement, la réforme des retraites n’a pas pour objectif de sauver le système de retraites lui-même mais bien de faire des économies plus larges.


Elle permet en fait surtout de financer les cadeaux fiscaux aux plus riches et aux grandes entreprises. C’était d’ailleurs écrit noir sur blanc dans le Projet de loi de finances pour 2023 : 


Les administrations de sécurité sociale participeront à la maîtrise des dépenses, permise notamment par la réforme des retraites, la réforme de l’assurance chômage favorisant le plein emploi et la maîtrise des dépenses de santé [...].”


“Cette maîtrise de la dépense permettra, sans remettre en cause l’objectif de normalisation des comptes publics, de poursuivre la stratégie de baisses des prélèvements obligatoires engagée sous le mandat précédent [...].”


Macron ne s’est donc pas fait prier pour mettre en pièce les retraites. Et l’UE le lui rend bien : dans ses recommandations à la France, elle manque rarement une occasion de rappeler sa désaffection pour notre système des retraites. À pas moins de 8 reprises depuis 2011, l’UE a demandé à la France de le réformer. En fait, les retraites sont vues par Bruxelles comme une simple variable d’ajustement pour corriger les “déséquilibres macroéconomiques” et assurer un “assainissement budgétaire responsable” 


La France n’est pas la seule à subir cette vision idéologique : En 2019, c’est en tout 15 pays de l’UE qui s’étaient ainsi vu suggérer une réforme des retraites.


C’est le principe du Semestre européen, dont l’objectif théorique est d’assurer la convergence des politiques économiques et budgétaires des 27 États-membres. En pratique, c’est surtout la course aux coupes budgétaires pour satisfaire le sacro-saint 3% de déficit et ainsi saccager notre État social.


Tous les ans depuis 2011, l’UE passe en revue la situation budgétaire et les politiques économiques de chaque pays européen et lui adresse des recommandations. Ils sont censés y donner suite en mettant en œuvre des ajustements des finances publiques et des réformes structurelles au niveau national.


Et quoi qu’ils fassent, ce n’est jamais assez pour Bruxelles : après la réforme de 2010, qui relève l’âge légal de départ de 60 à 62 ans et l’âge à taux plein de 65 à 67 ans, l’UE déplore que ce sera insuffisant et demande à la France d’aller encore plus loin.


Et quand la France s’exécute en 2014 avec une nouvelle réforme et l’allongement de la durée de cotisation, rebelote, le compte n’y est toujours pas. Il faut toujours “des mesures supplémentaires” pour “limiter le coût des retraites”.


Après une pause en 2020 et 2021 pour cause de situation exceptionnelle liée au Covid, l’UE a repris en 2022 la même ritournelle sur le coût excessif des retraites et la nécessité de réforme.


Alors Macron devait-il appliquer aveuglément ces recommandations ? Comme leur nom l’indique, elles ne sont pas légalement contraignantes pour les Etats.

D’ailleurs, la Cour des comptes européenne note que seulement 9% des recommandations sont intégralement appliquées et déplore une application “qui laisse à désirer”.


Donc Macron fait clairement du zèle dans la casse sociale en cédant sans sourciller au désidérata de la Commission. D’ailleurs, sa réforme va bien plus loin que ce qui est recommandé ces dernières années. 


Mais il n’empêche que l’UE fournit un cadre, des grandes orientations et a bel et bien pour objectif de faire converger les 27 vers les règles budgétaires gravées dans le marbre des traités. Et les réformes structurelles sont le moyen qu’elle préconise pour y parvenir.


Le Semestre est d’ailleurs assorti d’un mécanisme de suivi et de contrôle des objectifs. Et quand les Etats franchissent le Rubicon du déficit et de la dette, ils peuvent même être sanctionnés. La Commission veut justement renforcer ces sanctions à l’avenir. 


Quand les mêmes constats et recommandations sont assénées année après année, c’est loin d’être neutre. L’UE ne propose pas un bilan objectif et une palette d’alternatives pour remédier aux problèmes soulevés. Au contraire, les mesures proposées vont toutes dans le même sens néolibéral : augmenter l’âge de départ légal et à taux plein, augmenter la durée de cotisation, uniformiser les régimes, geler les pensions, réviser les règles d’indexation


Ce sont les seules solutions envisagées par l'UE pour la France. À l’unisson avec le gouvernement. 


Alors qu’à la place on peut augmenter les salaires, les cotisations, faire payer davantage le capital, et en finir avec les exonérations de cotisations et autres cadeaux fiscaux aux entreprises et aux riches qui créent de toutes pièces une grosse partie du déficit du système de retraites (et de la Sécu en général).


Là-dessus, justement, l’UE est catégorique. Il faut “éviter d’augmenter les cotisations patronales” (recommandations 2013) et continuer de réduire “la pression fiscale” sur le travail pour améliorer la compétitivité (recommandations 2018). 


Mais il n’y a pas que ça…


Ce que l’UE martèle continuellement sur les retraites, elle le fait également sur les dépenses de santé, les allocations familiales, les aides au logement, etc.  Les recommandations du semestre sont une ode à l’austérité, au marché et à la destruction de tout ce qui permet de faire société


Bref : cet exemple est révélateur qu’on ne peut pas isoler le niveau européen du niveau français. En réalité, l’UE et Macron regardent dans le même sens et sont imprégnés d’une même idéologie néolibérale. Et ensemble, ils sont bien décidés à en découdre avec la protection sociale.


À la manière d’un orchestre, Macron et l’UE jouent une partition différente mais pour jouer la même symphonie. 


Ça rappelle évidemment la question de la mise en concurrence dans les transports et les galères de la RATP dont je vous parlais il y a quelques semaines. 

Bref, face à la casse sociale orchestrée à Paris comme à Bruxelles, un seul moyen : la mobilisation en masse. 



RDV les 19 et 21 janvier dans la rue pour mettre un stop à la réforme ! 

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