Tribune : Les jeunes construisent l’union de la Nupes aux européennes, suivons leur exemple !
Des députés de toute la Nupes, dont Manon Aubry, Karima Delli et Jérôme Guedj, s’engagent à soutenir les organisations de jeunesse de LFI, du PS, d’EE-LV et de Génération.s qui ont présenté 166 propositions communes en vue des élections européennes.
Tribune publiée dans Libération.
La publication d’une proposition de programme commun pour les européennes par les organisations de jeunesse des écologistes, des insoumis, des socialistes et de Générations doit être reçue avec la plus grande attention. En quelques semaines, au cœur de l’été, un collectif déterminé de jeunes militants issus de traditions politiques différentes a réussi à produire un document de 50 pages contenant 166 propositions sur les questions européennes. Ils ont réussi là où beaucoup disaient qu’ils échoueraient, reprenant paresseusement l’idée fausse de gauches irréconciliables sur les questions européennes. Il faut bien sûr saluer ce travail, mais également et surtout le prendre au sérieux. Car ce projet traite l’ensemble des sujets, y compris ceux présentés comme des divergences insurmontables. Il ne comporte aucune nuance, preuve d’une capacité à trouver des accords sur les sujets les plus difficiles. Il démontre de manière implacable que la NUPES est capable de s’entendre pour un programme d’actions commun au Parlement européen et qu’il peut incarner l’alternative majoritaire face au RN et Renaissance aux élections européennes.
Ce constat n’est pas une surprise. En tant qu’élus de la NUPES au Parlement européen et à l’Assemblée nationale, nous connaissons l’importance des combats que nous menons déjà en commun à Paris, à Strasbourg, à Bruxelles. En tant qu’élus de la NUPES, nous avons en tête le chapitre de 5 pages du programme commun des législatives consacré aux questions européennes, ne comportant pas de divergences autres que lexicales. En tant qu’élus de la NUPES, nous savons à quels enjeux prioritaires nous faisons face en France comme en Europe : la pauvreté et les inégalités qui explosent, l’inaction climatique qui tue la planète, la faillite des dogmes néolibéraux d’austérité, de libre-échange et de marché, la remise en cause des droits et libertés, la soif de démocratie et d’intervention populaire, l’espoir que la paix revienne sur le continent. Tous ces combats sont repris dans les propositions de nos organisations jeunesse qui préfigurent le programme sur lequel nos partis pourraient s’accorder au Parlement européen.
Si ce sont nos organisations de jeunesse qui ont montré la voie à travers cet exercice, ce n’est en rien un hasard. Les jeunes le savent bien : ils n’ont pas le temps d’attendre. Ils n’ont pas le loisir de revenir aux guerres des gauches que l’on espérait avoir enfin enterrées avec la création de la NUPES qui a soulevé un espoir immense dans le pays. Car les jeunes sont en première ligne du chaos climatique qui s’aggrave chaque jour, les premières victimes de la vague sans précédent de pauvreté qui s’abat avec l’inflation, les premiers témoins des ravages de la montée de l’extrême-droite qui remet en cause l’Etat de droit et les libertés fondamentales. Il ne suffit plus aujourd’hui de le constater, de dire “bravo les jeunes” mais tout de suite après “laissez par contre les adultes parler sérieusement entre eux”. L’attente de la jeunesse, et notamment de la jeunesse militante de gauche et écologiste, est très forte. Elle est à l’image de l’attente plus large du peuple de gauche qui refuse que la NUPES soit mise sur pause quelques mois seulement après avoir été créée.
Le Rassemblement national et Renaissance ont déjà mis en place de concert une stratégie claire : confisquer le débat sur les européennes en reprenant de faux clivages et en occultant les vrais sujets. Nous ne pouvons les laisser faire ! Les européennes doivent être l’occasion de trancher des alternatives fortes : pour ou contre le renforcement des objectifs climatiques, la sortie des secteurs d’intérêt général de la concurrence, le grand retour de l’austérité, la multiplication d’accords libre-échange, l’égalité réelle pour les femmes, la conquête de nouveaux droits pour les personnes LGBTI, l’accueil digne des exilés, etc. C’est en étant offensif et en portant collectivement nos thèmes et nos priorités que nous serons en capacité de les imposer dans le débat public. Mettre artificiellement en avant des nuances infinitésimales entre nous et faire le choix d’insister sur ce qui nous différencie à la marge plutôt que l’immense majorité qui nous rassemble serait un cadeau offert à l’extrême-droite et à l’extrême libéralisme. Nous ne pouvons nous le permettre.
Dans un nombre grandissant d'États membres, la droite et l’extrême-droite s’allient, se renforcent, et parviennent à conquérir le pouvoir. L’agenda de ce nouvel arc néolibral réactionnaire, mêlant brutalité antisociale et remise en cause des droits, nous inquiète au plus haut point. Le Parlement européen, loin d’être immunisé, pourrait lui aussi basculer, avec le risque réel d’une majorité allant de certains libéraux jusqu’aux identitaires. Les jeunes l’ont bien compris : face à l’urgence climatique et sociale, face à la menace de l’extrême-droite, le temps n’est plus aux querelles partidaires mais au front commun des gauches dans leur diversité. Si nos analyses sur la stratégie électorale que doit adopter la NUPES aux européennes peuvent varier, nous nous retrouvons sur un point essentiel : il faut donner suite à l’initiative des jeunes et poursuivre leur travail pour un programme commun. Nous nous engageons ici à initier cette démarche d'approfondissement de leur ébauche déjà très complète et nous lançons un appel à tous nos camarades de la NUPES qui souhaiteraient également y contribuer. Ne cédons pas à la tentation mortifère du recroquevillement : la jeunesse ne nous le pardonnerait pas.
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